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13 mars 2011

Un article signé Mika.

Non, je vous rassure tout de suite ! L’icône pop américano-libanaise dont rien ne semble vouloir arrêter l’irrésistible ascension  n’est pas encore promue co-auteur de ce blog !!! Devenu depuis peu l’égérie des parfums Hugo Boss comme on peut le voir ci-dessous, il a certainement mieux à faire.


Il se trouve cependant que, depuis environs sept mois, Mika est invité à rédiger un article mensuel dans un journal italien appelé La Republica XL. Les sujets de ces colonnes sont laissés à sa libre appréciation et il y livre pèle-mêle souvenirs, réflexions et doux délires pour le plus grand plaisir de ses fans.

Dans l’article de ce mois-ci, il choisit enfin d’aborder l’effroyable accident arrivé à sa sœur Paloma en octobre dernier et sur lequel je suis souvent revenue dans ce blog.

Paloma Penniman
Un article sensible et intelligent dans lequel Mika ne s’exprime pas seulement sur cette terrible expérience familiale mais sur des enjeux sociétaux de taille. 

L’occasion aussi de revenir sur quelques contre-vérités colportées par la presse et que j’avais en toute bonne foi relayées sur ce blog, toute à mon empressement de donner des nouvelles de la malheureuse. On y apprend notamment que Mika n’a NULLEMENT assisté à cet accident et qu’il n’a en aucun cas appelé les secours lui-même ! Navrée donc d’avoir répété ces bêtises ici. 

Mais revenons plutôt à l’article, traduit par mes modestes soins : 

Dans la vie, il se produit des choses qui vous font réaliser que personne ne peut ni ne doit vivre seul.
Le 10 octobre, l’an dernier, ma sœur aînée, Paloma a eu un accident après une pendaison de crémaillère dans son nouvel appartement où elle avait aménagé la veille seulement. Le déménagement avait été important. Née avec un handicap qui a laissé un côté de son corps nettement plus faible que l’autre, elle avait hésité à déménager pendant un temps puis s’y était finalement décidée. Ayant participé à la préparation de son appartement pour la pendaison de crémaillère, mon frère et moi-même sommes restés à la fête.
Fortuné Penniman, benjamin de la fratrie et seul frère de Mika (un air de famille incontestable !)
L’ambiance était simple et amicale et je suis rentré à minuit après avoir passé une excellente soirée.
A cinq heures du matin, j’ai été réveillé par des cris et des coups frappés à ma porte. Paloma était tombée par la fenêtre de sa chambre située au quatrième étage et avait atterri sur la clôture en contrebas. J’ai bondi hors de mon lit et couru vers son appartement. J’aurais pu tuer quiconque se trouvant sur ma route mais quand je l’ai vue, j’ai reculé. Je ne voulais pas qu’elle sache que j’étais là.
Entourée par des ambulances et des pompiers, elle gisait sur la clôture dont les sommets transperçaient son corps en quatre endroits différents. J’en voyais un qui traversait sa jambe. Elle paraissait tellement abattue mais elle était encore étonnamment consciente. Je me suis caché avec mon frère dans une ambulance et j’ai appelé ma famille, tout autour du monde, pour qu’ils rentrent à la maison. C’était le soixantième anniversaire de mon père et quand je l’ai appelé à Dubaï, il pensait que je lui téléphonais de l’aéroport et que je lui avais fait la surprise de venir.
Il a fallu presque deux heures pour ôter Paloma de la clôture. Incapable de la retirer des grilles par peur de lui faire perdre trop de sang, on les a sciées et laissées en elle jusqu’à ce qu’on puisse les enlever en salle d’opération. Elle était consciente pendant tout ce temps. J’ai regardé les médecins l’allonger sur un brancard et l’anesthésier en pleine rue. Au moment où j’ai touché son visage, elle s’était endormie. Les voisins étaient éveillés, silencieux et sous le choc. Paloma a été héliportée vers le Royal London Hospital où, au bout de quatorze heures, des chirurgiens ont réussi à sauver sa vie. Étonnamment la clôture qui avait causé ces effroyable dégâts est aussi celle qui lui a sauvé la vie. N’étant pas tombée sur le sol, elle n’a pas encouru de blessure à la tête ni de dommage cérébral.
Aujourd’hui, Paloma est toujours hospitalisée. A sa sortie, elle sera transférée dans une maison de repos où elle devra réapprendre à marcher et à solliciter les nerfs de ses jambes et de ses hanches afin de guérir. Son rétablissement complet prendra sans doute des années.
Ayant grandi en France et au Royaume Uni, j’ai toujours connu un système de sécurité sociale public. Mais l’accident de ma sœur m’en a fait pleinement apprécier la valeur. Du berceau à la tombe nous bénéficions d’un système de santé publique qui nous laisse croire qu’il a toujours existé et existera toujours. Dire que nous le prenons pour acquis est, je pense, un euphémisme.

 
Toute la fratrie Penniman : de gauche à droite Zuléïka,Yasmine, Mika, Paloma et Fortuné
Nés de père américain, nous avons toujours eu des des passeports américains. Si cet accident était survenu là-bas, nos parents auraient dû vendre leur maison à l’heure qu’il est. Le gouvernement américain envoie des troupes à l’étranger pour “défendre les droits de ses citoyens” mais laisse son peuple “sans défense” quand les gens se blessent chez eux. Si vous vous défenestrez en Amérique – vous êtes tout seul. C’est effroyable. Une autre parente qui a eu un malaise à Los Angeles, il y a un an, a été soignée pendant quatorze heures au Cedar Sinaï Hospital qui était tout proche et s’en tire avec une facture de 19 000 $ qu’elle paie encore. Nous avons grandi sans assurance maladie et ma sœur, en tant que résidente du Royaume Uni est fière de ne pas en avoir eu besoin.
Alors que des coupes budgétaires sont faites en Europe, les deux secteurs les plus menacés sont étrangement ceux que nous tenons le plus pour acquis – l’éducation et la santé. L’expérience vécue par ma sœur m’a-t-elle fait apprécier davantage le Royaume-Uni ? Sans aucun doute ! Je ne comprends pas pourquoi les États Unis en sont arrivés à un point ou l’assurance maladie est tributaire de compagnies d’assurances privées, plus préoccupées par le profit que par les soins. La réforme de la Santé d’Obama est un pas dans la bonne direction mais que faudra-t-il pour changer non seulement le système d’un pays mais toute sa culture ? Bien des Américains voient la sécurité sociale nationale comme une menace étrangère contre le système avec lequel ils ont grandi. En regardant l’Amérique, il est plus facile de passer au privé que de retourner à un système gratuit et public.
Avec le second meilleur système de santé publique au monde – en dépit de tous les problèmes dont nous entendons parler chaque jour – l’Italie, comme le Royaume Uni, a beaucoup à défendre : et plus que jamais, il semblerait que nous ayons à faire de même à l’avenir.

3 commentaires:

Tinkyfurax a dit…

Eh bien dis donc, quelle histoire ! En tout cas, quel panégyrique fait-il du système de santé public qui, pourtant, en Angleterre est en train de partir encore plus à veau-l'eau qu'en France ! Chapeau, Mika ! J'espère que sa mignonne sœur se rétablira au mieux.
Bises, ma Zounette !
Tinky :-D

Anonyme a dit…

C'est horrible, mais bon, ésperons qu'elle s'en est remise!!!! Mais franchement, quelle idée de s'assoir sur le rebord de sa fenêtre?!!!! Enfin, ça lui servira de leçon, mais tout de même, LA PAUVRE!!!!!

Anonyme a dit…

Rien ne dit qu'elle s'est effectivement assise sur le rebord de la fenêtre. Mika mentionne un handicap qui rend un côté de son corps plus faible que l'autre. Peut-être s'est-elle déséquilibrée d'une façon ou d'une autre sans le vouloir. Quoi qu'il en soit, elle s'en est tirée et sa convalescence se poursuit... Sacrée histoire, tout de même ! Pauvre Paloma !