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30 juillet 2011

Stage en Roumanie. Jour 5 : si belle Sibiu !

Mine de rien, nous étions en week-end, à présent, et libres de passer notre temps comme bon nous semblait. Donc, bien qu’ayant des projets à Ramnicu Vàlceà pour le lundi, nous avons décidé de prendre la route jusqu’à Sibiu, ville réputée pour sa très grande beauté. Nous nous sommes mis en route relativement tôt car il y avait du chemin à faire. Et ce chemin longeait les majestueuses Carpates, nous laissant découvrir de sublimes paysages dont ce cliché n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. 


Finalement, ce départ vers Sibiu arrangeait bien Madie qui avait du travail et ne pouvait passer le week-end en notre compagnie. Mais l’autre amie de Sophie, Angela, ne pouvait pas davantage nous consacrer la journée de samedi et c’est finalement Ionella, une jeune fille de sa connaissance qui s’est retrouvée dépêchée sur les lieux pour nous servir de guide. La pauvre était un peu impressionnée par l’ampleur de sa tâche mais nous l’avons tout de suite mise à l’aise et le courant est manifestement bien passé surtout avec les plus jeunes membres du groupe. Elle n’était, en effet, guère plus âgée qu’eux.

Et franchement, nous n’avons pas été déçus : la ville que nous avons visitée sous un soleil de plomb est, une fois encore, d’une beauté à couper le souffle.
 
Ci-dessus, la Tour du Conseil que nous avons gravie pour admirer la ville depuis la hauteur de ce monument. Je dois avouer qu’entre la chaleur, la hauteur de cette tour et la raideur des escaliers, j’étais à deux doigts de l’étourdissement et c’est sur des jambes flageolantes que j’ai observé la ville au-dessous de moi. 



Ionella a dû nous quitter en fin d’après-midi et c’est sans elle que nous avons découvert les remparts de la ville, 

ses petites cours,

 et l’église grecque Sainte Ursula.


Après quoi, nous avons décidé de nous poser un peu et de dîner car, à cause de la chaleur, nous n’avions presque rien avalé de la journée, à part de fraîches boissons citronnées. Mais quand nous avons observé la carte du restaurant que nous avions choisi, nous avons sans doute attrapé le plus beau fou rire de notre vie ! En effet, ils avaient dû se servir d’un traducteur électronique pour passer du roumain au français et le résultat était pour le moins baroque ! Ainsi un plat dans la composition duquel entraient des œufs ET du porc était censé contenir… des œufs de porc ! Le soda se retrouvait transformé en “soude” et les crêpes en “papier crépon” tandis que les carottes sautées devenaient tout simplement “saute les carottes !” !!!!!! Autant dire que nous en avons ri toute la soirée ! Nous avons même pris la peine d’exposer au serveur les raisons de notre hilarité, afin qu’il ne pense pas que nous nous moquions de lui ! 

Ensuite, nous nous sommes encore promenés un moment dans cette jolie ville puis nous avons regagné la pension Maria, l’hôtel que nous avions réservé pour la nuit. Nous reprendrions la route dès le lendemain. Décidément de vrais nomades ! 

28 juillet 2011

Stage en Roumanie. Jour 4 : au revoir Dragasani et cap sur les Carpathes !

Tout bien réfléchi, il n’était pas totalement anormal que les chiens de la veille nous aient pris pour des gitans puisque ce stage nous contraignait un peu au nomadisme. En effet, nous allions quitter Dragasani dans la journée afin de nous rendre à Râmnicu Vâlcea, nouvelle étape de notre voyage.
Mais le départ n’était fixé qu’au milieu de la journée (théoriquement) et nous avons d’abord pris le temps de boire un café et de faire un débriefing de ces deux premiers jours avec Sophie, les trois jeunes profs, Ana et Mariana. L’occasion d’échanger et de revenir sur quelques temps forts de ce début de séjour. 

Ensuite, nous sommes allés visiter un complexe religieux situé non loin de notre hôtel. Il se compose de deux églises orthodoxes, l’une en  pierre et l’autre en bois dont voici quelques vues extérieures : 




 Ci-dessous, l’intérieur de l’église de pierre :






 Et l’intérieur de l’église de bois :













Au centre de la photo ci-dessus, on peut voir le très affable prêtre orthodoxe qui a assuré la visite. Il était heureux car il venait de marier sa fille, affirmant avoir beaucoup insisté pour qu’elle se décide enfin. Son souci, maintenant ? Que la fille de Mariana (ici en grande conversation avec lui) ne le soit toujours pas ! Apparemment, une fille non mariée en Roumanie, c’est impensable !

Les deux églises se trouvaient au cœur de jardins ravissants : 

 Et nous avons aussi pu visiter un musée renfermant quelques anciens objets usuels.

Couronne portées lors des cérémonie de mariage par les jeunes époux.



Métier à tisser.


Quelques tenues traditionnelles.  






Quelques objets usuels ayant appartenu à la grand-mère de notre guide
Sorte de berceau que l’on plaçait, de préférence au bout du métier à tisser de manière à ce que le va-et-vient de l’outil favorise également le mouvement du berceau. Ingénieux !
Coffre dans lequel les jeunes filles rassemblaient leur trousseau en vue de leur mariage. Décidément, on n’en sort pas !
 Enfin, nous avons également pu découvrir un musée renfermant diverses œuvres d’art comme ces icônes non restaurées.


Ces tableaux et bannières :




Là, j’ai juste pris cette photo pour la beauté des tentures bleues !





Nous avons ensuite quitté note aimable, bien que très traditionaliste, religieux pour nous rendre à la Mairie de Dragasani où Monsieur le Maire nous a présenté en long en large et en travers les projets relatifs à sa ville, et si jamais il met tout en œuvre d’ici trois ans, comme il se le promet, j’aurai bien du mal à reconnaître l’endroit, à supposer que j’y revienne un jour. 

Nous nous sommes ensuite déplacés jusqu’à la mairie d’une petite ville voisine appelée Sutesti afin d’en rencontrer aussi le Maire qui nous a exposés quelques projets réalisés en commun avec celui de Dragasani. Un personnage pour le moins pittoresque qui nous a ensuite conviés à déjeuner dans sa propre résidence viticole depuis le balcon de laquelle nous pouvions admirer ces paysages et ce jardin.




C’est là que nous avons déjeuné et une fois encore, nos hôtes s’étaient démenés pour nous recevoir au mieux. 

Mais avec tout cela, bien sûr, nous étions très en retard. C’est à la fin de l’après-midi que nous sommes allés récupérer nos affaires à la Casa Roxii et que nous nous sommes mis en route pour Râmnicu Vâlcea. Nous nous dirigions tout droit vers le début de la chaîne montagneuse des Carpathes ! J’avais peine à y croire ! (Eh oui, je viens de découvrir que la réforme de l’ortographe voudrait que l’on écrive Carpates plutôt que Carpathes seulement voilà, moi, je trouve que c’est plus joli avec un H, comme Néanderthal !).

Nous y avons retrouvé Madie qui nous a conduits à l’hôtel Alutus (le nom latin de l’Olt) ou nous nous sommes installés. 

Pour passer une agréable soirée et  nous détendre après cette chaude journée et cette route qui avait quand même été assez longue, Madie tenait absolument à ce que nous allions nous baigner quelque part mais il était déjà vingt heures et tous les endroits où elle voulait nous emmener étaient fermés. Nous étions tout à fait disposés à remplacer le projet de baignade par une promenade dans les environs  mais Madie est une femme obstinée qui ne lâche pas si facilement les idées qu’elle a dans la tête ! Au final, elle a réussi à nous trouver, dans un endroit qui s’appelle Cozia, une piscine d’eau chaude et soufrée dans laquelle Héloïse, Dominique et moi nous sommes joyeusement ébattus ! Et je peux vous dire que pour la fan de vieille épouvante que je suis, se tremper dans de l’eau chaude sentant le soufre en admirant le clair de lune au-dessus des Carpathes, c’était vraiment un très grand moment ! Comment voulez-vous que des choses pareilles n’excitent pas l’imagination ?  D’ordinaire, je ne peux presque jamais célébrer Halloween parce que, ce soir-là, je me trouve généralement chez mon frère Alain qui fête son anniversaire le lendemain et qui, par simple anti-américanisme primaire, a cette fête en sainte horreur mais ça, franchement, ça valait tous les Halloween du monde ! A ce moment précis, je me sentais dans mon univers ! Je me sentais chez moi ! 

Après cela, nous avons pris une légère collation à Cozia et nous sommes retournés à Vàlcea. Un peu fatiguées, Caroline et Héloïse sont allées se coucher à l’hôtel tandis que je suivais le reste du groupe en ville où se terminait une fête en l’honneur de la Timişoreana, bière fabriquée dans la ville de Timişoara, connue pour avoir été le théâtre des premières soulèvements contre le régime de Ceaucescu et rendue malheureusement célèbre par la sombre affaire des Charniers de Timişoara, une intox de sinistre mémoire, sans doute l’une des plus sordides qui soient !

Nous nous sommes donc un peu baladés dans la ville mais la fête tirait à sa fin. Nous avons goûté quelque bières et Madie nous a fait découvrir le Kürtőskalács, un autre délice roumain. Puis nous nous sommes séparés et sommes enfin montés nous coucher à notre tour.

27 juillet 2011

Stage en Roumanie. Jour 3 : viticulture, agriculture et hospitalité roumaines.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, rien de ce que nous avions avalé la veille (que ce soit sous forme solide ou liquide) n’avait eu d’effet indésirable sur nous et c’est en pleine forme que nous nous sommes levés. Le petit déjeûner a toutefois été léger et nous sommes vite partis visiter une première exploitation viticole : la cave Avincis appartenant à M Stoïca ancien Ministre de la Justice. Un endroit magnifique, un site ultra-moderne avec des toitures végétalisées, des dépendances multiples et des caves que nous n’avons pas eu le droit de photographier,


des vignes à perte de vue





Et même une coquette résidence avec tennis, piscine et gloriette !














Mais cela n’était pas vraiment représentatif de ce qu’est censé être un vignoble roumain lambda. En même temps, il était compréhensible que nos hôtes mettent tout en œuvre pour nous faire découvrir les sites les plus valorisants de leur pays. Nous aurions sans aucun doute fait pareil. Et je ne regrette pas cette visite qui était quand même instructive. 
Nous sommes ensuite partis visiter un autre vignoble : celui du lycée agricole de Dragasani.



Là, Constantin, le directeur de l’établissement nous a expliqué l’historique de ce site et nous a raconté comment le régime de Ceaucescu avait rendu l’étude de pratiques agricoles obligatoire pour tous les élèves. Une situation parfois si mal vécue que certains parents ont bien des difficultés à comprendre, aujourd’hui, que leurs enfants puissent se tourner de leur plein grès vers ce genre de filière alors qu’ils rêveraient pour eux d’un avenir meilleur.
Et justement, suite à ces discussions, nous sommes retournés au lycée agricole que nous avons visité en détail. Les membres du corps enseignant étaient fiers de nous faire rencontrer des élèves, de parler des projets en cours et de nous montrer leurs salles de classes et autres laboratoires. Une visite qui n’était pas sans me rappeler ce que nous avions déjà fait en Lettonie.
Une majestueuse salle de classe.



 Séquence Musée des Horreurs au labo de Biologie avec ce squelette de vache,

ou ce malheureux porcelet doté d’une tête pour deux corps… Hum ! Il faut dire que l’Ukraine et donc Tchernobyl ne sont pas loin ! Mon métier me fait peut-être vivre dangereusement !

Et la mécanique toujours omniprésente




Après quoi nous avons pris un nouveau repas au lycée agricole : toujours aussi pantagruélique et délicieux, avec quelques hôtes présents la veille mais aussi quelques nouveaux convives, ravis de s’entretenir avec nous. Parmi elles Florina qui, l’après-midi venu, nous a emmenés découvrir l’exploitation de son frère Alin : 10 hectares couverts de serres dans lesquelles étaient cultivés les légumes les plus populaires de la Roumanie : poivrons, tomates, cornichons, piments, concombres…




Puis ce fut au tour de Melania, autre accompagnatrice parfaitement francophone, de nous emmener dans l’exploitation de ses parents. On y cultivait aussi bon nombre de légumes sur une surface nettement plus modeste mais avec beaucoup moins de moyens. Les parents de Mélania habitent dans une drôle de maison verte et jaune et eux aussi nous ont réservé un accueil chaleureux mais j’avoue que cette fois, je n’ai pas pris de photo de l’exploitation. Mon appareil photo était hors service, mon téléphone portable n’avait presque plus de batterie et moi-même, je ne valais guère mieux, à force de crapahuter entre les vignes ou les rangées de légumes, dans des serres étouffantes ou sous un soleil de plomb ! J’avais même commencé à prendre de sacrées couleurs !


 
Pour Héloïse, Dominique et Sophie, un peu de repos sur la balancelle des parents de Melania n’était pas de trop non plus. Derrière eux, Luminitza (Lulu), la bru de la maison. Elle travaille justement pour le compte d’une entreprise française délocalisée en Roumanie.


Ensuite nous sommes retournés à l’hôtel où j’ai pu prendre une douche réparatrice et me changer de pied en cap car cette riche journée était loin d’être terminée. Comme nous allions changer de localité le lendemain, nous étions invités ce soir-là au lycée agricole de Dragasani pour une soirée typiquement roumaine. Evidemment, cela supposait encore que nous allions être conviés à manger et boire !
Cette soirée très festive s’est déroulée dans une cour intérieure du lycée, carrément en présence du maire de Dragasani et de son épouse qui se sont avérés être des gens tout à fait affables et accueillants, pas bégueules pour deux sous !
Après les quelques inévitables verres de Tsuika, nous avons été priés de nous installer aux tables dressées en notre honneur :



Là, on nous a servi tout une quantité de mets variés et typiques tous plus délicieux les uns que les autres, dont certains desserts que l’on ne prépare qu’à Noël, c’est vous dire à quel point ces gens avaient mis les petits plats dans les grands pour nous et c’est vraiment le cas de le dire ! Nous avons véritablement été reçus comme des princes de sang !
Entre deux plats, certains convives (ou plutôt certaines car ce sont avant tout les femmes qui se sont lancées !) se sont levées et nous ont conviés à danser d’abord sur des musiques festives roumaines puis sur des airs plus internationaux. Même l’épouse du maire que l’on voit de dos en gris sur la photo suivante n’était pas la dernière à danser et à nous acclamer !





La soirée s’est finie tard mais on nous réservait une dernière surprise : au cours du repas, nous en étions venus à parler du nombre impressionnant de charrettes que nous croisions ou dépassions sur les routes. A vrai dire, on voit autant de charrettes en Roumanie que de deux-roues en France. Tirés par des chevaux, ces véhicules anachroniques pour nous sont vraiment légion là-bas et certains sont même pourvus de plaques d’immatriculation ! Quelques panneaux de signalisation leur sont même consacrés !
Bref, nous avions parlé de ça et alors que nous nous apprêtions à rentrer, on nous a annoncé qu’on ne nous ramènerait pas à l’hôtel en voiture comme initialement prévu mais justement… en charrette ! Nous avions bien remarqué la présence d’un cheval dans le lycée (en plus de celle de chiens errants ayant trouvé refuge et pitance dans le lycée, adoptés par personne mais acceptés par tous  et donc rebaptisés “chiens communautaires”), 



mais nous ne pensions pas, quand même, qu’à minuit passé, on allait demander à un des membres du personnel de l’atteler à une charrette pour nous véhiculer jusqu’à notre hôtel !



Honnêtement, nous en étions un peu gênés mais en même temps, cela semblait tellement faire plaisir à nos hôtes que nous ne nous sommes pas faits prier pour grimper dans ce drôle de véhicule, hilares et ravis. 

Et nous voilà partis au pas de promeneur, ballotés par le rythme chaotique de la carriole, traversant Dragasani endormie et parcimonieusement éclairée, ce qui nous permettait d’observer sans difficulté le ciel noir piqueté d’étoiles au-dessus de nos têtes. Tout cela avait quelque chose de terriblement romanesque, voire romantique ! Le silence nocturne n’était troublé que par le bruit des sabots du cheval, celui des roues de la charrette, nos rires, mais aussi les aboiements d’une cohorte de “chiens communautaires” qui nous suivaient depuis le lycée.
“Les chiens aboient parce qu’ils nous prennent pour des gitans !” a osé nous dire Constantin. Ah, ces gitans ! On les voit assez peu mais on en parle tout le temps : pour les uns, ce sont des citoyens de seconde zone avec lesquels ils n’aiment pas être confondus tandis que d’autres avouent qu’ils peuvent constituer une main d’œuvre peu qualifiée mais utile. C’est un sujet délicat, en tout cas et je crois bien qu’on a dû en entendre parler tous les jours !
En attendant, nous arrivions déjà à notre hôtel et cette parenthèse romanesque se refermait déjà. Après une caresse au cheval et force remerciement à nos hôtes du lycée, nous les avons quittés pour enfin regagner nos chambres et aller nous coucher avec des étoiles plein les yeux. Des vraies !