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06 juin 2009

Un grand moment de surréalisme.

Suite à la rencontre fructueuse avec Jean, nous avons repris la route assez tardivement, bien qu’il fît encore jour. Pas question, pour les conducteurs, de suivre les conseils d’Anda, cette fois ! Ils avaient trouvé trop longue la route qu’elle avait indiqué le matin même et ont préféré s’en remettre aux conseils de leur GPS. Seulement voilà : on pourra dire ce qu’on voudra sur Anda, qu’elle est hyperactive, qu’elle parle beaucoup, etc… mais elle connaît son pays comme je connais moi-même la poche de mon jean et quand elle nous disait que les routes ne seraient pas praticables et que quelques kilomètres de moins au compteur ne nous permettraient pas forcément d’être rentrés plus tôt, eh bien elle avait raison ! 
 
Voilà aussi un des visages de la Lettonie : la longueur d’un trajet n’est pas forcément liée à la distance à parcourir mais plutôt à la qualité des routes et plus on s’éloigne de Riga, pire c’est ! Or justement, le chemin (c’est le cas de le dire !) que nous avons emprunté ce soir-là, c’était vraiment quelque chose ! 40km de sable et de gravier, une piste chaotique digne d'un film d’aventures en Afrique ! 

Et soudain… comme dans un rêve ou un film de Tim Burton que voit-on apparaître devant nos yeux ébahis ? Une table géante entre deux chaises tout aussi géantes et juste au-dessous, une femme minuscule (enfin, de taille normale !) en train de tondre l’herbe sur laquelle est installé ce mobilier surréaliste ! 


De quoi nous demander, franchement, si nous ne nous sommes pas endormis, bercés par la voiture, et ne sommes pas en train de rêver. Nous nous approchons et découvrons que l’on peut entrer ouvrir un pied de table, s’y introduire et grimper jusqu’en haut !


Un peu plus loin, une sorte de phare et des boîtes au lettres au nom d’acteurs décédés.

Plus loin, une maison d’aspect accueillant. 
Mais quel est ce drôle d’endroit ?

Nous venons en fait d’arriver au musée consacré à Serguaï Eisenstein, ce grand cinéaste, réalisateur du terrible “Cuirassé Potemkine” (qui m’avait tant impressionnée quand je l’avais vu, enfant), et dont la devise était : “Je pourrais faire un film même à partir d’un annuaire”.


La thématique de la téléphonie est d'ailleurs très présente dans ce musée. 

Ce musée est véritablement situé au milieu de nulle part et Anda n’a pas hésité à le faire rouvrir exclusivement pour nous bien qu’il soit plus de 21h. Et notre charmante hôtesse (la dame qui tondait le gazon) nous a réservé un accueil étonnamment chaleureux. Essayez d’aller faire rouvrir un musée français en soirée pour une poignée d’étrangers en goguette et vous verrez si vous serez bien accueillis ! 

Notre charmante hôtesse.
Curieusement, et à la différence de bien des musées français, voire anglais ou autrichiens, il n’est pas interdit de toucher aux pièces de musées (dessins, souvenirs personnels, objets collectés au cours de la vie du cinéaste), voire de s’en amuser, ce dont je ne me suis évidemment pas privée ! 

Curieusement aussi, et alors que le plus célèbre film d’Eisenstein m’avait plutôt terrifiée, il régnait dans cet endroit une ambiance très agréable, très positive. J’irais même jusqu’à dire que ces lieux étaient pleins de “bonnes vibrations” et que ce fut peut-être un des moments les plus agréables du stage. Rarement le groupe à fait montre d’une telle cohésion. Nous nous sommes progressivement laissés envahir par le doux délire qui semblait caractériser l’univers d’Eisenstein, univers qui tournait, selon lui, autour d’un “trou noir” que notre hôtesse s’est fait un plaisir de nous présenter et… que voici !!!

Autant dire que nous avons beaucoup ri et adoré cette douce folie. En vérité, nous n’aurions jamais quitté cet endroit, si nous nous étions écoutés ! Nous sommes repartis, joyeux et comme enivrés par cette visite inattendue et pas du tout prévue au programme. Encore une initiative de notre impayable Anda qui a su mettre à profit notre itinéraire hasardeux !
Nous avons encore beaucoup roulé, traversé une forêt magnifique mais impressionnante (j’avoue que j’aurais eu un peu peur d’emprunter toute seule cette route traversant ces arbres impénétrables en pleine nuit !) et sommes une fois de plus arrivés un peu tard à l’hôtel, rompus mais ravis.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Eisenstein avait aussi réalisé "Alexandre Nevski", illustré par la musique de Prokofiev; ou de Borodine, un film racontant comment les Chevaliers Teutoniques dans l'espoir d'envahir l'empire des Tsars avaient été vaincus par Alexandre Nevski, quelques moujiks et quelques nobliaux russes, ainsi que par la glace qui recouvrait le Volga et qui noya leur armée, s'il m'en souvient. Voilà un film que j'aimerais revoir, la musique et les images étaient magnifiques...
Eisenstein était le Cécil B. de Mille de l'URSS, mais à la différence de Cecil B de Mille, il abordait des sujets autrement graves et sérieux, et les traitait avec une maestria et un esthétisme qui dépassait celui des studios d'Hollywood avec des moyens bien moindres, pourtant !
Je ne savais même pas qu'il était Letton !
On en apprend tous les jours. Je m'endormirais moin bête, ce soir !
Bises, Tinky :-)

Tinkyfurax a dit…

Pfft ! Je ne sais pas sur quoi j'avais cliqué, mon commentaire était paru dans les anonymes et les messages à modérer... La fièvre du samedi soir, ssns doute... Et je m'étonnais, de ne pas le voir, ce commentaire !!! Ridicule, des fois !
Tinky, un peu désespérée par elle-même, là...