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13 janvier 2010

Toujours en vie !

Très chers lecteurs,
Avant toute chose, je souhaite à chacun d’entre vous une excellente année 2010 et tiens à remercier du fond du coeur tous les proches, collègues, amis et même parfaits inconnus qui m’ont contactée, ont contacté ma mère ou Tinky afin de s’enquérir de ma santé et de mon moral. Un très grand merci, surtout, à Tinky elle-même pour avoir administré ce blog en mon absence et donné de mes nouvelles sur le sien. Il est bon de se sentir à ce point soutenue et aimé lors de ce qui demeure tout de même une épreuve.
Me voici donc enfin de retour chez moi, et suffisamment solide pour m’installer devant mon ordinateur afin de raconter par le menu cette odyssée à la fois si attendue et redoutée.
Suite à un réveillon raisonnable mais chaleureux entre ma mère et mon frère Michel, l’année 2010 a commencé tout en douceur. Puis est arrivé le dimanche 3 janvier. Un VSL est venu me chercher à la maison et m’a emmenée en direction de la clinique où l’opération était programmée pour le lendemain. C’est peu dire que j’avais peur ! J’étais terrorisée ! Tétanisée ! Mais que faire ? Les dés étaient jetés !
Je suis arrivée à la clinique où mon dossier a été très rapidement pris en charge. Direction le sixième étage et la chambre 619. Je n’ai pu m’empêcher de sourire à ce détail et d’y voir même un signe positif. En effet, Michel et moi adorons regarder le catch à la télé quand nous sommes ensemble et il se trouve qu’un 619 (six one nine) est un mouvement d’attaque typique effectué par Rey Mysterio, catcheur masqué mexicain, petit par la taille mais grand par la vivacité, également dit “le petit luchador”.  J’y ai donc gagné le surnom de “petit luchador” par mon frère et je me suis dit qu’avec une telle entrée en matière, je ne pourrais aborder l’intervention chirurgicale et la convalescence qu’en étant combative ! Pour info, voici exactement ce qu’est un six one nine, avec, en prime, quelques photos de Rey ainsi son hymne :
Je me suis donc retrouvée bien seule, dans cette chambre austère avec vue sur les toits et le ciel gris. Mais les choses se sont mises en place assez vite : rasage, prise de sang, entretien avec une anesthésiste, petit plateau repas léger (auquel je n’ai guère touché !) et douche à la betadine, cheveux compris. On m’a même fourni de quoi faire… un lavement, afin que l’intervention puisse se dérouler dans les meilleures conditions. Je me suis exécutée en me disant que, ce que je faisais, bien peu de bêtes l’auraient fait. Mais comme je me suis déjà fait opérer à diverses reprises, je sais à peu près comment fonctionne un corps humain et je n’ai pas pour habitude de bâfrer comme une ogresse avant un séjour à l’hôpital ! Même en période de fêtes ! La suite des événements s’avéra donc bien moins catastrophique que je n’aurais pu le craindre.
Puis je me suis couchée après avoir ingéré un tranquillisant. Les effets de ce dernier ne tardèrent pas à se faire sentir mais, dans des conditions pareilles, on raisonne bizarrement et je passai la nuit à lutter contre le sommeil, me disant que si je dormais, l’opération arriverait trop vite !
Je finis néanmoins par sombrer dans une somnolence dont l’infirmière de nuit vint me tirer aux premières heures : nouveau lavement, nouvelle douche à la betadine. J’enfilai ensuite une moche chemise de nuit d’hôpital ainsi qu’une non moins moche charlotte verte, me remis au lit et attendis. L’infirmière de nuit revint, tenta de placer un cathéter sur mon bras afin d’avancer le travail de ses collègues mais cela s’avéra impossible : affaiblie comme je l’étais, mes veines étaient tout juste visibles et “claquaient” dès qu’on les piquait ! La pauvre fille, en dépit de sa bonne volonté, ne réussit qu’à me faire mal et j’en récoltai un bleu au bras que j’ai encore, à l’heure où j’écris ces lignes !
Ce devait être la même chose pendant tout le séjour : chaque fois qu’il me fallut une intraveineuse ou une prise de sang, je récoltai deux piqûres pour le prix d’une et finis par me retrouver avec un réjouissant look de junkie ! La même chose se produisit au bloc opératoire où m’avaient finalement amenée deux infirmiers qui firent beaucoup d’efforts pour me faire rire sans vraiment y parvenir. Là aussi, on essaya à plusieurs reprises de me piquer pour m’endormir ! Impossible ! On se résolut donc à m’endormir au masque afin de pouvoir, ensuite, procéder à toutes les piqûres du monde sans me faire mal.
L’anesthésie au masque est quelque chose d’angoissant : on vous presse ce machin sur le visage en vous encourageant à respirer un grand coup mais l’odeur est terriblement forte, vous avez la sensation d’étouffer et même si vous savez que l’on ne vous veut aucun mal votre instinct de conservation s’emballe… pas pour longtemps, cependant ! Je m’endormis dans les deux-trois secondes qui suivirent.
Je ne me rappelle pas ma phase de réveil. Je fus très abattue pendant cette journée du 4 janvier et pendant celle qui suivit. A mon grand étonnement, on commença à me redonner à manger le lendemain de l’opération. Très légèrement, toutefois. Un régime qui allait perdurer : les soupes de légumes sans sel, biscottes, yaourts et compotes de pommes n’ont plus guère de secrets pour moi !
On m’avait posé une sonde urinaire pendant l’opération. C’est ce que je redoutais le plus ! L’idée que l’on puisse introduire quoi que ce soit dans un canal si petit me terrorisait plus encore que la perspective de me faire ouvrir le ventre. Pourtant, elle ne provoqua chez moi aucune douleur, pas même lorsqu’on l’enleva le surlendemain de l’intervention.
On retira aussi ce jour-là la perfusion et la pompe à morphine. J’avais bénéficié, la veille, d’une toilette au lit. Ce jour-là, je pus me déplacer jusqu’à la salle de bain avec l’aide d’une infirmière qui m’assista pour une toilette au lavabo. J’en profitai pour voir, dans le miroir, la tête que j’avais et ce ne fus pas vraiment joyeux. Une mine de déterrée et une coiffure à la Edward aux Mains d’Argent, cela ne va vraiment qu’à Johnny Depp !

Lors de cette journée, je ressentis de terribles douleurs dans le ventre : elles évoquaient à la fois des colites et de très mauvaises dysménorrhées. S’y ajoutaient, bien entendu, la souffrance générée par l’incision. J’en versai littéralement des larmes de souffrance. On m’expliqua qu’il s’agissait en fait de crampes associées à la remise en route du transit, ce qui était plutôt bon signe car cela signifiait que mon état évoluait de façon satisfaisante. Cet après-midi-là, on ôta aussi mon pansement afin que ma cicatrice puisse prendre l’air. Je découvris que mon bas-ventre s’ornait à présent d’une magnifique balafre horizontale, placée juste au-dessus du pubis et pourvue de dix-huit agrafes. Le chirurgien passa me voir et m’indiqua qu’on n’avait rien trouvé de méchant sur l’organe prélevé, mais que ce dernier était très hémorragique.
Ce même jour, je pus enfin quitter ma chambre et faire quelques pas dans le couloir, en compagnie de Maman qui était venue me rendre visite.
Le jeudi matin, 6 janvier, je pus prendre une douche, laver mes pauvres cheveux affreusement collants et passer un de mes propres pyjamas. Une véritable résurrection ! Mais en raison de la terrible vague de froid qui s’abattit sur la France ces jours-là à grands renforts de chutes de neiges ininterrompues, de vent glacial et d’épais verglas, je ne reçus aucune visite jusqu’à la fin de mon séjour. Les journées se traînèrent donc en longueur et je trompai mon ennui en lisant, regardant la télé, recevant quelques coups de téléphone ou dormant un peu mais la solitude finit par devenir pesante.
Plus encore que les journées, les nuits étaient vraiment pénibles. Je dormais fort mal : deux à trois heures de sommeil encombré de rêves et cauchemars décousus suffisaient à me reposer et le reste du temps, je n’avais qu’à écouter les bruits de la nuit et observer les contours familiers de mon mobilier à la faveur de la lumière du couloir filtrant sous ma porte de chambre ! Ah, ce gros téléviseur suspendu face à mon lit ! Il meublait agréablement mes journées mais la nuit, il semblait m’observer, devenait mon seul point d’horizon et par moments, je ne pouvais plus le voir !
Le couloir de ce sixième étage finit à son tour par me sortir par les yeux ! Je faisais l’effort  de le longer à raison de trois promenades par jour : le matin, l’après-midi et le soir. Mais malgré les décorations de Noël et les salutations des infirmières, bien gentilles, le paysage n’était pas bien varié ni riant. Et je n’y croisais pour ainsi dire jamais d’autres patients. J’ai gardé la nostalgie de la clinique albigeoise où mes parents m’emmenaient pour faire soigner mes yeux. Le soir, les gens se retrouvaient dans le couloir pour papoter et rire un peu. Maman me raconte même que, lorsque j’étais vraiment petite, certains n’hésitaient pas à se faire des farces et des lits en portefeuille ! Evidemment, je n’en demandais pas tant mais une petite conversation de temps à autre ne m’aurait pas déplu ! Seulement, dans cet étage, les personnes venaient pour des opérations gynécologiques, obstétricales, et je crois qu’il y avait même certaines personnes qui étaient là pour des cancers du sein. Je vis même un monsieur d’âge mûr parmi les patients. Prostate ? En tout cas, j’entendis aussi, et surtout, des nouveaux-nés dans les chambres voisines ! Oui, vous avez bien lu ! Des nouveaux-nés ! Et le jours où j’entendis le premiers d’entre eux, je me dis que peut-être, il était préférable de penser que Dieu n’existait pas ! Car s’Il existait, il faudrait quand même qu’Il ait de sacrées excuses et qu’il m’explique pourquoi Il me martyrisait ainsi, psychologiquement et physiquement, depuis le début de ma vie, alors que je n’ai jamais été quelqu’un de bien désagréable !
Ce n’est la faute de personne ! C’est la vie ! Même si les infirmières sont aimables et dévouées, elles doivent faire fonctionner le service et il ne vient à l’esprit de personne de se demander ce que ressent une patiente venant de subir une hystérectomie sans avoir été mère, en entendant les vagissements d’un nourrisson dans la chambre d’en face ! Et d’ailleurs, je dois avouer que je me suis moi-même épatée sur ce coup-là ! Je n’ai ressenti ni révolte, ni peine, ni colère, ni désespoir à ce moment-là. Je me suis simplement sentie attendrie et j’ai mesuré toute l’ironie de cette situation. Peut-être au fond, ce désir d’enfant n’était-il pas si ancré en moi que je l’aurais cru ? Peut-être ai-je tout bonnement réussi à en faire mon deuil depuis longtemps.
Ainsi passèrent les quatre derniers jours d’hospitalisation, rythmées par les soins, les balades et les plateaux-repas. Le lundi 11 janvier, on vint enfin me retirer une agrafe sur deux et je pus rentrer chez moi pour ma plus grande joie et celle de ma mère ! Les formalités administratives, le voyage en VSL jusqu’à l’appartement et le rangement de mes affaires eurent raison de mes forces si chèrement regagnées. Je m’endormis pour le restant de l’après-midi.
A présent, je me remets doucement, dans mon propre environnement et à mon propre rythme. Je reçois tous les soirs une piqûre de Lovenox pour éviter les risques de phlébite. Je dors mieux qu’à la clinique mais je peine à trouver une position dans laquelle je me sente bien : parfois, j’ai le sentiment qu’il faut que je sois repliée sur moi-même, juste après, je ressens le besoin de me déplier… La position assise devient vite pénible en raison d’une douleur aiguë à la droite de ma cicatrice. Debout, j’ai l’impression que mon ventre pèse une tonne et ressens des tiraillements très désagréables. Même chose si j’essaie de m’allonger sur le côté. Mais couchée sur le dos, je finis pas avoir mal aux lombaires. “Les joies de la chirurgie…”, a commenté d’un ton laconique mon médecin généraliste que je viens d’aller voir, cet après-midi.
Il se montre plutôt satisfait de l’évolution de mon état mais a constaté, comme l’infirmière qui vient me voir le soir, une légère inflammation de ma cicatrice due à une petite réaction allergique au nickel des agrafes restantes mais pas question, pour autant, de les retirer avant vendredi. Il m’a donc prescrit une pommade pour soulager cette petite inflammation, ainsi que des anti-douleurs et de quoi faciliter le transit qui reste une épreuve.
Pour le reste, ma mission, si je l’accepte, consiste à ne rien faire du tout si ce n’est me reposer, me remettre et prendre soin de moi.
Voilà ! Vous savez tout ! L’article est un peu long et je m’en excuse mais j’avais promis un récit exhaustif de mon parcours. Je pense avoir fait au mieux. La suite aux prochains soins !

4 commentaires:

Tinkyfurax a dit…

Putain con, et meme putain de con, d'aillerurs ! Il t'en aura vraiment fait voir de toutes les couleurs, ma pauvre Mimi !!! J'ai mal rien qu'à lire cet article !
Brou !
Tinky, les poils au garde-à-vous.

Anonyme a dit…

Courage Mireille tu as manqué sur la twittosphère reviens vite et prends soin de toi - au passage j adore ton style- tu écris toujours très bien. Biz Pascal alias @pdubord @urgea :o)

Jamakkronic a dit…

Le plus urgent va être que tu puisses te remettre au moins suffisamment pour pouvoir avoir une position qui te repose.
Est-ce que tu peux dormir correctement tout de même?
Merci de nous avoir tout expliqué. Je suis de tout cœur avec toi pour les veines qui claquent et qui se sauvent... je connais si bien :s
(Pour ma part, je serais hospitalisé dans quelques mois, pour quelque chose de beaucoup plus light => prélèvements tout au long de mes boyaux pour vérifier à quel stade ils sont attaqués par mon allergie au gluten...)
Donc vendredi on te retire d'autres agrafes? Ça devrait t'apporter pas mal de confort ça.
Gros bisous Miss.

Anonyme a dit…

Si je comprends bien, on t'a attachée à la vie? Avec des agrafes?

Bon et rapide rétablissement. C'est vrai que ton texte est très bien écrit. Je l'ai lu d'un trait. Ayant aussi quelquefois séjourné à l'hôpital, je sais combien le temps est bien relatif. Comme il peut paraitre looooong, certaines fois!

Prends bien soin de toi et plonge de tout cœur dans ta mission.

Zed ¦)