Je ne sais plus si j’ai eu l’occasion de raconter ici ma rencontre avec Tinky, ma plus vieille et plus fidèle amie, co-administratrice du présent blog. C’est une bien jolie histoire. Mais comme il est tard et que j’ai un peu la flemme, je vais très largement “pomper” le passage que j’avais déjà écrit à ce sujet sur
le site internet de Tinky.
Nous nous sommes connues il y a près de 25 ans, à la “faveur” d’une fuite d’eau dans ma chambre alors que nous logions dans la même cité universitaire. Je venais ce soir-là de terminer un long devoir et il était relativement tard. Avant de me coucher, je décidai de m'accorder un petit chocolat chaud, histoire de me récompenser de mes efforts. Je me débrouillai avec les moyens du bord pour m'accorder ce menu plaisir : un peu de poudre soluble délayée dans de l'eau brûlante tout droit sortie du robinet. Les étudiants peuvent rarement se payer le luxe d'être gastronomes !
Or, à peine avais-je avalé la dernière gorgée du doux breuvage, nettoyé et rangé ma tasse qu'un bruit étrange attira mon attention :
"Ksssssscccchhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !".
Cela venait du coin salle de bain ! Je m'y précipitai et tombai nez à nez avec un véritable geyser d'eau brûlante qui partait de ma tuyauterie et montait presque jusqu'au plafond, emplissant la chambre entière d'une buée presque opaque ! Pas de doute, le nettoyage de la tasse avait été le coup de trop porté à cette tuyauterie fatiguée ! Dire que je me trouvais dans la salle de bains à peine quelques secondes plus tôt ! Il s'en était fallu de peu pour que je me retrouve littéralement ébouillantée !
Précédemment occupée par une personne hémiplégique, ma chambre était pourvue d'un système d'alarme encore opérationnel. Voyant que je ne pourrais me tirer seule de ce mauvais pas, je me décidai à presser ce bouton auquel je m'étais bien juré de ne jamais toucher, ne voulant pas que l'on m'aide ou que l'on m'assiste plus que de raison ! J'ai toujours détesté ces gens qui, par exemple, me saisissent par le bras et me font traverser la rue d'autorité sans même tenter de savoir si je voulais bien aller de l'autre côté ! Bon, certes, j'exagère un peu. C'est une métaphore ! Mais je m'égare.
Donc, après avoir actionné l'alarme, je sortis de la chambre envahie par la buée et ne pus qu'attendre la suite des événements, plantée comme un piquet au milieu du couloir, en pyjama plus ou moins sec, gauche et horriblement confuse. Déjà, les concierges arrivaient, munis de serpillières et de seaux. Je leur proposai mon aide qu'ils refusèrent. Des portes de chambres s'entrouvraient : des étudiants échevelés et mal réveillés me dévisageaient, mi-surpris, mi-goguenards. Je ne savais vraiment plus où me mettre ! Moi qui comptais sur une arrivée discrète dans cette cité-U, c'était réussi ! J'aurais voulu passer sous le linoléum du couloir !
C'est alors qu'apparut dans le brouillard moite une silhouette qui s'avançait vers moi d'un pas enjoué. C’était une étudiante qui habitait à l’étage supérieur et qui, alertée par le bruit de l’alarme, s’était dit que son brevet de secouriste pourrait peut-être servir à quelque chose. Sans doute surprise de me trouver entière et consciente, elle me demanda ce qu'il se passait et je lui racontai ma mésaventure. Amusée autant que compatissante, elle m'invita aimablement à prendre un thé dans sa chambre pour me réchauffer. J'étais très méfiante mais je n'avais guère le choix et la suivis donc.
À peine arrivée dans sa chambre, j'avisai une énorme machine à écrire sur la table de travail. Quelques jours plus tôt, une autre résidente s'était justement plainte à moi que quelqu'un tapait à la machine le soir. Eh oui ! Les discrets ordinateurs portables n’étaient pas encore de mise à cette époque pourtant pas si lointaine !
"- Tiens, c'est donc toi qui écris ! m'exclamai-je.
- Oui, fit-elle, J'écris un roman, figure-toi !"
L'expression de son visage était étrange, à ce moment-là. On y décelait de la fierté et elle avait pourtant presque l'air de s'en excuser. Je lui révélai donc que j'écrivais aussi et c'est de là que partit une conversation assez surréaliste, émaillée jusqu’à l’overdose de “moi aussi”. Il faut dire que nous nous en découvrions, des points communs : amour de l'écriture, de la lecture, des chats, intérêt pour la science-fiction et l'inexpliqué... et cette conversation semble ne s’être jamais terminée ! Des points communs, nous nous en découvrons encore aujourd’hui ! Certains d’ailleurs, sont vraiment des plus étranges et attisent vraiment notre curiosité !
Alors pour commencer, nous portons toutes les deux un prénom de huit lettres plutôt démodé.
Ses parents, comme les miens, ont eu trois enfants et nous sommes toutes les deux les benjamines de la famille.
Dans sa fratrie, le deuxième enfant est une fille qui s’appelle Michelle. Dans la mienne, c’est un garçon qui s’appelle Michel.
Nos aînés ont eu deux enfants chacun. Tinky a quatre nièces. J’ai quatre neveux et nièces. Dans les deux cas, l’aînée est une fille qui s’appelle Magalie (Oui, oui ! Avec un “e” très inhabituel dans les deux cas !).
Nos mères sont toutes les deux nées le 29 d’un mois de 31 jours, lui-même suivi d’un autre mois de 31 jours. En clair et sans décodeur, la Maman de Tinky est née un 29 juillet et la mienne un 29 décembre.
Nous présentons toutes deux des problèmes de vue importants et multiples parmi lesquels la cataracte et le glaucome.
Nous avons toutes deux été consacrées aux Enfants de Marie quand nous étions bébés. Puis nous avons l’une et l’autre fréquenté une école Jeanne Darc.
Nous avons donc logé dans la même cité universitaire et nous sommes aujourd’hui toutes deux fonctionnaires même si c’est dans deux domaines différents.
Nous sommes l’une et l’autre restées célibataires et sans enfants. Un choix pour Tinky, une fatalité pour moi.
Enfin, nous devenons toutes les deux grand-tantes en cette belle année 2010. La semaine dernière, sa Magalie a donné le jour à un petit Iban et en octobre prochain, ma nièce Manue mettra au monde une petite fille. Comme je le dis parfois en plaisantant : qui sait, peut-être que dans quelques années, ces deux-là se rencontreront et se marieront scellant à jamais notre belle amitié !!! Evidemment, c’est une boutade !
Il y a certainement d’autres points communs qui ne me viennent pas à l’esprit mais je laisse à Tinky le plaisir de les rajouter si elle veut. Beaucoup ne verront dans tout ça que de simples coïncidences et ils auront probablement raison. D’ailleurs je vous rassure, il y a aussi entre nous quelques différences fondamentales, voire inconciliables mais cela n’enlève rien à la solidité de notre amitié qui est précieuse et dont j’espère qu’elle perdurera encore longtemps.