Non, non, non, je ne vais pas parler de l’effondrement des tours jumelles à Manhattan. Ca, c’était il y a neuf ans et même si on en commémore aujourd’hui le triste anniversaire, mes pensées me ramènent à d’autres souvenirs, bien plus chaleureux.
Il y a dix ans, je n’en menais pas vraiment large, pourtant. Je commençais tout juste une formation pour devenir professeur d’anglais en lycée agricole. J’avais fait des études d’anglais et déjà travaillé en lycée agricole. J’avais aussi donné des cours d’anglais à des enfants chez des particuliers alors, pourquoi ne pas tenter de devenir professeur pour de bon ? Ce n’était pas vraiment ma vocation. Moi, j’aurais voulu devenir traductrice en maison d’édition mais aucune de mes lettres de motivation n’ayant reçu de réponse positive, je m’étais résolue à choisir une autre voie.
Il y a dix ans, donc, je suis arrivée en banlieue toulousaine dans cet institut de formation qui m’a paru immense et vaguement impersonnel. Il faut dire que nous étions environ deux-cents professeurs stagiaires dans diverses matières candidats à cette formation en alternance : des temps de formation à Toulouse pour la théorie allaient s’intercaler avec des périodes en Lycée pour la pratique.
Ce fut une année très contrastée. J’étais vraiment heureuse et motivée quand je me retrouvais à Toulouse où les cours passionnants me rappelaient mes années de fac et où j’avais réussi à me faire de vrais amis parmi les innombrables stagiaires, contrairement à ce que je redoutais. Au lycée, c’était une autre paire de manches. L’établissement était agréable mais l’enseignement, la préparation des cours et le face à face élèves n’étaient définitivement pas ma tasse de thé, sans compter que je manquais très sérieusement d’autorité. A Toulouse, je me sentais parfaitement à ma place dans un milieu estudiantin où on m’appréciait, où j’appréciais les autres et où je participais aux diverses activités. Au lycée, je me sentais dilettante et incompétente même si je m’efforçais d’y croire et de m’impliquer dans divers aspects du métier d’enseignant.
Au fond, je ne m’y suis pas trompée et cette année de formation de prof n’a pas été une réussite. Sans elle, cependant, je n’en serais pas où j’en suis aujourd’hui car l’institut de formation toulousain dans lequel je travaille à présent n’est autre que celui où j’ai suivi (et raté !) cette formation.
Raconter comment je suis revenue dans cet établissement serait trop long (mais je tiens à préciser que cela s’est fait dans le respect total des règles, sans favoritisme ni passe-droit et après une année de stage dans une autre branche d’activité). Toujours est-il qu’à présent, je suis bien installée dans cet institut où j’exerce des fonctions de plus en plus intéressantes.
Ainsi, après des années de secrétariat, de bons de commandes, de synthèse et d’évaluations diverses, égayées par quelques stages en Lettonie et autres projections de courts-métrages, je viens d’apprendre qu’à partir de maintenant, j’allais être entièrement responsable d’un Master en langue anglaise proposé dans notre établissement ! Oh, rassurons-nous, je ne vais pas enseigner mais je vais m’occuper de toute la partie administrative des dossiers ainsi que de l’accueil d’étudiants venus de tous les coins du monde.
Le projet est un peu vertigineux car il s’agit de lourdes responsabilités, de consignes et d’activités totalement nouvelles pour moi. Je suis donc un peu angoissée et néanmoins motivée par ces nouvelles perspectives. Dix-huit ans après ma maîtrise d’anglais, dix ans après ma formation infructueuse de prof, j’ai l’impression de récolter enfin le fruit de mes études et de mes efforts. Pendant toutes ces années, j’ai mangé un pain peut-être pas noir mais tout de même un peu gris ! Que de chemin parcouru depuis que je suis arrivée dans cette Ecole, toute intimidée et rasant les murs ! Quand je pense à mon conseiller pédagogique de l’époque qui me disait que je parlais un mauvais anglais et même que j’inventais des mots… La vérité, c’est que j’avais un peu plus de vocabulaire que lui mais, chut ! Ne la répétez pas ! Quand il s’apercevait que les mots que j’utilisais existaient bel et bien, il pensait s’en sortir en me disant que “de toute façon, un Anglais ne les aurait pas utilisés !”.
Mais oublions ça. L’heure n’est plus à la rancœur mais aux projets. Et même s’il ne faut pas trop se tourner vers le passé, j’ai quand même tenu à fêter le dixième anniversaire de mon arrivée dans cette Ecole en apportant à mes collègues quelques biscuits à déguster pour la pause-café du matin (pas bieeeeeeeeeeen !). Ils étaient assez étonnés que je me souvienne de la date exacte de mon entrée sur ce site et que je souhaite en célébrer l’anniversaire (“Dix ans d’Ecole, ça se fête, ça ?”) et ils l’étaient plus encore de constater à quel point je me souvenais de tous les détails de la première soirée passée entre ces murs.
Il est vrai que le souvenir de ces premiers instants sur ce complexe est resté comme tatoué dans ma mémoire. Je ne m’imaginais pourtant pas, alors, que j’allais faire ma vie et ma carrière à cet endroit précis !
En route pour de nouvelles aventures internationales, donc !